Aldi figure parmi les principales enseignes de hard-discount en France. Présente depuis 1988, l’enseigne revendique plus de 1 300 magasins à travers le pays. Ce chiffre, mis à jour en 2023, reflète l’expansion rapide d’Aldi ces dernières années. D’après un cadre dirigeant d’Aldi, le parc français comptait environ 1 300 points de vente en 2024. Ce niveau place Aldi derrière son concurrent Lidl en termes de magasins, mais l’enseigne poursuit activement son développement. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre 1 900 magasins dans les années à venir, afin que chaque consommateur ait un Aldi à moins de 15 minutes de chez lui. Pour soutenir cette croissance, Aldi France s’appuie sur plus de 16 000 collaborateurs sur l’ensemble du territoire. Le poids commercial d’Aldi reste toutefois modeste comparé aux géants de la distribution : fin 2022, sa part de marché alimentaire atteignait 2,3 %, ce qui en faisait le 8e distributeur français. Fin 2024, sa part de marché est estimée autour de 2,7 %, en progression mais encore loin du leader du discount Lidl (environ 8 % de part de marché).

Évolution historique du parc de magasins Aldi

Implantation initiale (années 1980-2000). Aldi a ouvert son premier magasin français en 1988 à Croix, près de Lille. L’enseigne s’est d’abord développée de manière organique, principalement dans le Nord et l’Est de la France, profitant de la proximité avec son marché d’origine (Allemagne). Durant les années 1990, Aldi étend progressivement son réseau, misant sur son modèle de supermarché discount à assortiment limité. On estime qu’au tournant des années 2000, Aldi avait déjà implanté plusieurs centaines de points de vente dans l’Hexagone (principalement dans le nord de la Loire), bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible pour cette période dans les sources consultées.

Croissance et maturité (années 2000-2010). Au fil des années 2000, le parc Aldi en France continue de s’étoffer. L’enseigne ouvre des magasins de format standard (environ 800 m²) sur l’ensemble du territoire, tout en restant moins agressive que Lidl en termes d’ouvertures annuelles. Vers 2010, Aldi atteint la taille critique de plusieurs centaines de magasins. En 2015, le réseau français compte environ 900 magasins Aldi. Ce palier d’environ 900 points de vente se maintient durant la seconde moitié des années 2010, l’enseigne progressant alors sans acquisition majeure. À titre de comparaison, Lidl affichait déjà autour de 1 500 magasins en France à la même époque, ce qui souligne le retard d’Aldi en termes de maillage du territoire.

Accélération via l’acquisition de Leader Price (2020-2021). L’année 2020 marque un tournant historique : Aldi annonce le rachat de l’enseigne Leader Price au groupe Casino. L’accord, signé en mars 2020, porte sur 567 magasins Leader Price (sur les 656 que comptait l’enseigne) ainsi que 3 entrepôts, pour un montant de 735 millions d’euros. Cette acquisition stratégique, validée fin novembre 2020, propulse d’un coup le parc Aldi à environ 1 300 magasins fin 2020. En l’espace d’un an, tous les anciens Leader Price sont convertis sous enseigne Aldi. L’intégration s’est accompagnée d’une forte croissance des effectifs : Aldi France est passé d’environ 10 000 salariés avant le rachat à 16 000 après, reflétant l’incorporation du personnel des magasins repris. En parallèle, l’enseigne a hérité de nouvelles bases logistiques (entrepôts) nécessaires pour approvisionner ce parc élargi. Aldi a notamment renforcé sa présence en Île-de-France, dans le Sud-Ouest et le Sud-Est grâce à cette opération, comblant des zones où elle était peu présente jusqu’alors.

Expansion récente et situation actuelle (2022-2025). Après l’intégration de Leader Price, Aldi a repris un rythme d’ouvertures organiques régulier. Par exemple, en 2021, en plus de la conversion des ex-Leader Price, le groupe a inauguré une trentaine de nouveaux magasins et réalisé de nombreux transferts ou agrandissements. En 2024, Aldi France a encore ouvert 25 nouveaux magasins sur l’année, signe d’une expansion continue quoiqu’assez mesurée. Le parc actuel avoisine 1 300 points de vente fin 2024, traduisant une légère croissance nette une fois pris en compte quelques fermetures ou cessions ponctuelles. L’enseigne affiche donc un rattrapage significatif par rapport à son niveau d’avant 2020 (900 magasins), même si sa progression semble marquer une pause sous la barre des 1 400 magasins atteints. Aldi prévoit néanmoins d’accélérer le mouvement : une centaine de projets d’ouvertures seraient en cours, avec un objectif déclaré de 400 magasins supplémentaires sous 2 à 3 ans. La tableau 1 ci-dessous retrace l’évolution du nombre de magasins Aldi en France à quelques dates clés :

Année Nombre de magasins Aldi en France (approx.)
1988 1 (premier magasin ouvert à Croix, Nord)
2015 ~900 (période pré-expansion majeure)
2020 ~900 (avant l’acquisition de Leader Price)
2021 ~1 300 (après intégration des Leader Price)
2024 ~1 300 (parc actuel estimé)

Tableau 1 : Évolution du nombre de magasins Aldi en France.

La stratégie d’expansion d’Aldi en France

La croissance d’Aldi dans l’Hexagone s’est appuyée sur deux axes : le développement organique (ouvertures de nouveaux magasins) et la croissance externe (rachat d’actifs concurrents). Historiquement, Aldi a privilégié un modèle prudent, ouvrant des magasins de format standardisés dans des zones où le hard-discount semblait sous-représenté. Chaque supermarché Aldi est conçu sur le même modèle efficace : une surface de vente moyenne de 800 à 1 000 m², proposant un assortiment restreint (environ 1 800 références seulement, presque uniquement des marques de distributeur) afin de minimiser les coûts. Ce concept, inventé par Aldi il y a des décennies, repose sur la simplicité : peu d’employés par magasin, une présentation sommaire des produits (sur palettes ou cartons), des frais généraux réduits – autant de leviers permettant de maintenir des prix bas.

Montée en puissance via les acquisitions. Si Aldi a longtemps progressé sans rachats spectaculaires, la reprise de Leader Price en 2020 a marqué un tournant stratégique majeur. Grâce à cette acquisition, Aldi a étendu d’un coup son maillage territorial, notamment en région parisienne et dans le sud de la France. Le rachat comprenait 547 magasins Leader Price effectivement transférés sous enseigne Aldi (sur les 567 prévus initialement), ainsi que 3 entrepôts logistiques. Aldi a ainsi absorbé l’essentiel du réseau Leader Price en un temps record (15 conversions de magasins par semaine en moyenne lors de l’opération). Casino, de son côté, a conservé la propriété de la marque Leader Price et de quelques magasins franchisés restants. En réalité, l’enseigne Leader Price a quasiment disparu du paysage : fin 2023, il ne restait plus que 2 magasins Leader Price en France (hors DOM-TOM), les autres ayant été convertis ou fermés. Ce rachat a permis à Aldi de renforcer sa couverture géographique et d’atteindre une taille critique face à son rival Lidl. Aldi a également intégré deux supermarchés Casino dans la transaction, signe de sa volonté d’étendre son parc y compris sur des formats un peu plus grands.

Ouvertures et modernisation du parc. Parallèlement aux acquisitions, Aldi continue d’ouvrir de nouvelles unités chaque année. Le rythme reste modéré (quelques dizaines d’ouvertures annuelles), l’enseigne se concentrant sur des zones à fort potentiel. Par exemple, Aldi a annoncé vouloir accélérer son expansion dans le Grand Ouest (Bretagne et Pays de la Loire), avec l’ouverture de 6 nouveaux magasins dans cette zone fin 2024 et la création d’une nouvelle direction régionale dédiée à Nantes. De même, une centaine de projets seraient en cours sur l’ensemble du pays. Aldi privilégie aujourd’hui un format de magasin plus grand qu’autrefois : les nouveaux Aldi font environ 1 000 m² de surface de vente (contre 600-700 m² pour les plus anciens), afin d’élargir l’offre en produits frais et le confort d’achat. L’enseigne investit dans la rénovation et l’agrandissement de ses magasins existants pour adopter ce concept moderne, avec plus de meubles réfrigérés et un agencement amélioré. Chaque ouverture crée localement des emplois (3 à 4 recrutements en moyenne par nouveau magasin), consolidant la présence d’Aldi comme employeur important dans certaines régions. Enfin, pour soutenir son maillage, Aldi a dû renforcer sa logistique : le groupe disposait de 13 bases pour 900 magasins avant 2020, et a récupéré 3 entrepôts supplémentaires via Leader Price – de quoi accompagner la montée en charge des volumes.

Objectifs et défis. La stratégie d’Aldi vise clairement à combler son retard sur Lidl en France. L’enseigne affiche un cap à 1 900 magasins à horizon 2025-2030, ce qui impliquerait de maintenir un rythme soutenu d’ouvertures ou d’acquisitions. La direction d’Aldi France souligne le potentiel de régions encore sous-implantées, notamment l’Ouest et le Sud du pays. Par exemple, la Bretagne ne compte qu’une quarantaine d’Aldi, contre plus de 180 dans les Hauts-de-France (voir analyse géographique ci-après). Conquérir ces « zones blanches » du discount est une priorité pour les années à venir. Cependant, Aldi doit relever plusieurs défis : la concurrence frontale de Lidl (qui, de son côté, continue d’ouvrir des magasins et d’attirer une large clientèle), l’évolution des attentes des consommateurs (qualité des produits, choix plus large, e-commerce, etc.), et le contexte inflationniste. Ce dernier point, paradoxalement, n’a pas bénéficié autant qu’espéré à Aldi : malgré la hausse du coût de la vie, l’enseigne n’a pas encore gagné les parts de marché anticipées. Comme le note un spécialiste du secteur, Aldi demeure en dessous de 3 % de part de marché, loin de l’objectif de 8 % annoncé lors du rachat de Leader Price. Autrement dit, l’opération Leader Price n’a pas (encore) produit tous les effets escomptés en termes de clientèle : beaucoup d’anciens magasins rachetés ont vu leur fréquentation baisser après leur passage sous pavillon Aldi, en partie parce que l’assortiment y est plus restreint et axé MDD, déconcertant une partie des habitués. La direction actuelle d’Aldi reste cependant confiante dans son modèle et mise sur le temps pour conquérir de nouveaux clients, en capitalisant sur son image prix et son réseau en expansion.

Comparaison avec les autres enseignes de hard-discount (Lidl, Netto, ex-Leader Price)

Le marché français du hard-discount est aujourd’hui dominé par deux acteurs allemands : Lidl et Aldi. À eux deux, ils représentent la grande majorité des magasins discount en France. On compte également l’enseigne Netto (du groupement Les Mousquetaires/Intermarché) et, historiquement, Leader Price (marque du groupe Casino, quasiment disparue depuis 2020). Voici un comparatif des principales enseignes de ce segment :

  • Lidl : Arrivé en France au début des années 1990, Lidl est le numéro 1 du hard-discount dans l’Hexagone. L’enseigne exploite environ 1 600 magasins en France, soit nettement plus qu’Aldi. Lidl dispose d’une force de frappe importante avec 46 000 salariés et une logistique bien implantée (26 plateformes réparties sur le territoire). Grâce à cette présence, Lidl a atteint une part de marché de l’ordre de 8 % en 2024, faisant jeu égal avec des distributeurs généralistes comme Casino. Lidl a su faire évoluer son image en élargissant son offre (produits frais, marques nationales ponctuelles) tout en maintenant des prix bas. Cette stratégie de montée en gamme contrôlée lui a permis d’attirer une clientèle plus vaste ces dernières années, même si elle pèse temporairement sur ses marges.

  • Aldi : Avec ~1 300 magasins en 2024, Aldi est le deuxième discounter du pays en nombre de points de vente. Son positionnement est très proche de celui de Lidl (assortiment concentré sur les marques propres, politique de prix agressive). Toutefois, Aldi reste en retrait sur certains indicateurs : sa part de marché alimentaire n’est que d’environ 2,5 à 3 %, soit le tiers de celle de Lidl. En termes de chiffre d’affaires, l’écart est également notable. L’absorption de Leader Price a certes augmenté le parc de magasins Aldi, mais l’enseigne doit encore gagner la fidélité de nombreux consommateurs pour rattraper son rival. Aldi met en avant son statut de « créateur du discount » et poursuit ses investissements (ouvertures, rénovations) pour gagner du terrain.

  • Netto : Lancée en 2001 par le groupement Intermarché, Netto est une enseigne de hard-discount d’initiative française. Elle compte 386 magasins en France, ce qui en fait le troisième réseau discount en termes d’implantations. Néanmoins, son poids reste modeste comparé aux deux géants allemands. Les magasins Netto sont souvent de plus petite taille (650 à 1 000 m²) et bénéficient de l’appui logistique d’Intermarché. Netto met l’accent sur ses marques de distributeur (85 % de l’assortiment) et des opérations de déstockage ponctuelles. Intégré au pôle alimentaire des Mousquetaires, Netto contribue à la part de marché globale du groupement (Intermarché+Netto cumulaient 17,6 % de part de marché fin 2024), mais la part spécifique de Netto est très limitée (de l’ordre de 1 % ou moins, aucune donnée publique récente séparée). L’enseigne a toutefois profité de l’acquisition de magasins Casino par Intermarché en 2023-2024, certains supermarchés rachetés étant transformés en Netto. On a ainsi vu le parc Netto passer d’environ 300 unités en 2018 à 386 en 2024.

  • Leader Price (ex-enseigne) : Pionnier du discount en France (fondé en 1986), Leader Price a compté jusqu’à 656 magasins en 2019, se positionnant comme le rival français de Lidl et Aldi durant des années. Toutefois, en difficulté, l’enseigne a été cédée en grande partie à Aldi en 2020. Après la vente de 547 magasins à Aldi, Casino a conservé une poignée de Leader Price franchisés. Beaucoup ont fermé depuis. En 2023, il ne restait plus que 2 magasins Leader Price dans tout le pays, marquant la quasi-disparition de la marque (qui subsiste via quelques franchises à l’étranger et comme marque distributeur bon marché dans les autres enseignes du groupe Casino). Leader Price, qui réalisait encore 2,2 milliards € de chiffre d’affaires en 2018, n’est donc plus un acteur significatif du paysage de la distribution. Son retrait a profité en grande partie à Aldi, et dans une moindre mesure à Netto (certains de ses magasins ont pu être repris par Intermarché).

Le Tableau 2 synthétise quelques indicateurs comparés des discounters :

Enseigne Implantation en France Magasins (2024) Part de marché (2010 → 2024)
Lidl depuis ~1990 ≈ 1 600 ~5 % → 8,2 %
Aldi depuis 1988 ≈ 1 300 ~1,5 % → 2,7 %
Netto depuis 2001 386 ~1 % (inclus)
Leader Price (ex) 1986-2020 (0 à 2) ~3 % → 0 % (disparu)

Tableau 2 : Principaux discounters en France – nombre de magasins et part de marché estimée.

Remarques : Lidl et Aldi dominent le segment avec un parc supérieur à 1 000 magasins chacun. Netto reste un acteur de niche, adossé à Intermarché. Leader Price, autrefois significatif (environ 3 % du marché alimentaire dans les années 2000-2010), a été absorbé ou fermé. La part de marché indiquée pour Netto est incluse dans celle du Groupement Mousquetaires (Intermarché + Netto).

En termes de stratégie commerciale, Lidl et Aldi ont des positionnements proches (hard-discount “classique”), quand Netto tente de se différencier légèrement (communication sur la « différence Netto », assortiment local via le groupe Intermarché). Lidl a pris une avance en modernisant plus tôt ses magasins, en introduisant des marques nationales et en communiquant fortement sur la qualité (par exemple via les opérations « Lidl » produits primés). Aldi, de son côté, insiste sur son ADN d’inventeur du discount, avec un discours centré sur la simplicité et le prix. Les deux géants allemands bénéficient à plein de l’engouement actuel pour le discount : en 2023, près de 75 % des foyers français ont effectué au moins un achat dans une enseigne discount sur l’année. Ensemble, Lidl, Aldi (et Netto) représentent environ 12 % des dépenses alimentaires en France en 2023, une proportion en forte hausse (5 points de plus qu’il y a cinq ans). Cette progression s’explique par le report d’une partie des consommateurs vers des courses à bas prix sous l’effet de l’inflation. À noter que d’autres acteurs du discount non-alimentaire (comme l’enseigne Action, très populaire en bazar à bas prix) connaissent également une croissance rapide, témoignant de l’attrait du modèle discount dans un contexte de pouvoir d’achat contraint.

Répartition géographique des magasins Aldi

Un maillage historiquement inégal. Avant le rachat de Leader Price, la présence d’Aldi en France était très contrastée selon les régions. L’enseigne avait implanté la majorité de ses magasins dans le Nord et l’Est du pays, régions limitrophes de son berceau allemand. Par exemple, les Hauts-de-France peuvent être considérés comme le berceau d’Aldi en France : c’est dans cette région qu’a ouvert le premier magasin en 1988, et Aldi y a proliféré. En 2024, les Hauts-de-France constituent la deuxième région la plus dotée avec 181 magasins Aldi, juste derrière l’Île-de-France. Avant 2020, Aldi était peu présent dans la moitié ouest et le sud du territoire. On citait souvent l’exemple du bassin minier du Nord où il y a « un Aldi tous les 3 kilomètres », contre « un Aldi tous les 80 km dans le Sud » avant le rachat de Leader Price. Cette anecdote illustre la faible densité qu’avait le réseau Aldi dans le Sud de la France il y a quelques années.

Renforcement post-2020. L’intégration des magasins Leader Price a considérablement étoffé la couverture géographique d’Aldi. En récupérant plus de 500 points de vente répartis sur tout le territoire, Aldi s’est implanté massivement en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie et dans d’autres régions où Leader Price était présent. Par exemple, l’Île-de-France est désormais la région comptant le plus de magasins Aldi, avec 197 points de vente recensés en 2024 – un nombre en forte hausse par rapport à la situation pré-2020. La région parisienne, qui était un point faible d’Aldi, est devenue un de ses principaux points d’ancrage grâce à cette expansion. De même, le Sud-Est (PACA) et le Sud-Ouest ont vu l’arrivée de dizaines de magasins Aldi là où l’enseigne était quasi absente.

Focus régional et exemples. Aujourd’hui, Aldi est présent dans pratiquement toutes les régions de France métropolitaine. Les écarts de densité subsistent néanmoins. Les régions les mieux pourvues sont :

  • Île-de-France – environ 197 magasins (nombre le plus élevé), essentiellement d’anciens Leader Price convertis, ce qui permet à Aldi de concurrencer Lidl sur le terrain urbain parisien.

  • Hauts-de-France181 magasins, héritage d’une implantation historique forte dans le Nord (région d’origine d’Aldi France). Aldi y dispose de deux centrales régionales à Cuincy et Bois-Grenier pour gérer ce parc dense.

  • Grand Est – plus de 100 magasins (estimation). Aldi s’est implanté très tôt en Alsace-Lorraine et en Champagne-Ardenne, profitant de la proximité de l’Allemagne. Strasbourg et ses environs comptent de nombreux Aldi, de même que l’Alsace du Nord et la Lorraine.

  • Auvergne-Rhône-Alpes – environ 100 magasins (estimation). L’acquisition de Leader Price a apporté un bon maillage en Rhône-Alpes (agglomération lyonnaise notamment).

  • Provence-Alpes-Côte d’Azur – quelques dizaines de magasins (peut-être ~50). Région où Aldi était quasiment absent, elle bénéficie désormais de points de vente convertis, par exemple autour de Marseille, Nice et Toulon.

  • Bretagne – seulement 35 magasins en 2024, ce qui fait de la Bretagne l’une des régions les moins dotées. Aldi y était un acteur marginal (loin derrière Lidl) mais entend s’y développer : plusieurs ouvertures sont prévues, avec une nouvelle base logistique dédiée à l’Ouest.

  • Pays de la Loire – aux côtés de la Bretagne, l’autre composante du “Grand Ouest” où Aldi est encore en phase de conquête. On y dénombre environ 47 magasins (si l’on additionne aux 35 bretons les points de vente des Pays de la Loire pour atteindre les 82 magasins Grand Ouest mentionnés). Un entrepôt Aldi à Boufféré (Vendée) sert de hub pour alimenter ces magasins et accompagner la croissance dans l’Ouest.

(NB : Les chiffres par région hors IDF/Hauts-de-France sont des estimations lorsqu’aucune source officielle n’était disponible. Aldi ne communique pas publiquement un décompte par région, mais les données de presse permettent de dégager ces ordres de grandeur.)

Réseau national et absence en Corse. À l’issue de son expansion récente, Aldi couvre désormais l’ensemble du territoire métropolitain. Chaque département de France continentale ou presque dispose d’au moins un magasin Aldi. Une notable exception est la Corse, où ni Aldi ni Lidl n’ont d’implantation à ce jour (le marché insulaire étant desservi par d’autres enseignes locales ou généralistes). Pour atteindre son objectif de proximité (un magasin à moins de 15 minutes de chaque Français), Aldi devra encore densifier son réseau dans certaines zones rurales ou excentrées. Néanmoins, l’essentiel du maillage est en place : Aldi France est passé d’un statut de réseau régional (Nord-Est) à celui d’un acteur national du discount. Les régions de l’Ouest et du Sud, qualifiées de « gros potentiel de développement » par la direction, feront l’objet de toutes les attentions dans les prochaines années.

Enjeux et perspectives de croissance

Hard-discount et conjoncture économique. Le contexte actuel, marqué par une inflation élevée sur les produits alimentaires, redessine les comportements de consommation en France. Les enseignes de discount bénéficient d’un afflux de clientèle soucieuse de son pouvoir d’achat. Selon NielsenIQ, la fréquentation des discounters est en forte hausse : 74,6 % des ménages français ont fait au moins une course en magasin discount en 2023, contre 69 % cinq ans plus tôt. De plus, la part de marché cumulée des enseignes discount (alimentaires) a atteint 12 % en 2023, en progression de +5 points sur 5 ans. Ces chiffres traduisent une démocratisation du hard-discount : il n’est plus rare de voir des consommateurs de tous milieux pousser le chariot chez Aldi ou Lidl, à la recherche de bonnes affaires. Cette opportunité de marché est à double tranchant pour Aldi. D’un côté, l’enseigne voit affluer de nouveaux clients attirés par ses prix bas. De l’autre, la concurrence promotionnelle des supermarchés classiques s’est intensifiée (offres discount temporaires dans les hypers, marques premier prix développées par Leclerc, Carrefour, etc.), ce qui limite les gains de part de marché d’Aldi.

Objectif 8 % de part de marché : une ambition à confirmer. Lors de l’acquisition de Leader Price, Aldi France s’était fixé comme but de doubler de taille en 5 à 7 ans, espérant passer d’environ 4 % à 8 % de part de marché. À mi-parcours, force est de constater que cette ambition n’est pas encore réalisée : Aldi stagne sous les 3 % de PDM en 2023. L’enseigne n’a récupéré qu’en partie la clientèle des anciens Leader Price – beaucoup de ces magasins ont vu leur chiffre d’affaires diminuer après conversion, faute de conserver tous leurs clients. Aldi paye ici la différence de modèle : un Leader Price proposait 4 000 à 5 000 références avec des marques nationales bon marché, là où un Aldi aligne 1 500 à 1 800 références essentiellement en marque propre. Certains consommateurs habitués à un certain choix ont pu être déroutés par l’offre plus limitée d’Aldi, malgré des prix souvent inférieurs. Lidl a connu une difficulté comparable dans les années 2000 avant d’adapter son concept en France (en introduisant plus de marques nationales). Aldi pourrait à son tour devoir ajuster subtilement sa formule pour séduire au-delà de son cœur de clientèle. Néanmoins, l’enseigne garde de sérieux atouts : une image de prix bas généralement bonne (même si légèrement ternie récemment), une efficacité opérationnelle redoutable et le soutien d’un grand groupe international. Aldi France dispose désormais d’un réseau important – le défi est d’en exploiter tout le potentiel.

Investissements et innovation. Pour soutenir sa croissance, Aldi poursuit ses investissements en France. Outre les ouvertures de magasins, le groupe modernise ses infrastructures. Par exemple, de nouvelles bases logistiques ont été inaugurées ou agrandies pour améliorer l’approvisionnement (extension de la centrale de Bois-Grenier dans le Nord, création d’une entité régionale à Nantes pour l’Ouest, etc.). Aldi innove également dans son offre : l’enseigne a introduit plus de références de produits frais, bio ou végétariens pour répondre aux attentes contemporaines, sans renier son modèle (80 % de produits d’origine France dans l’assortiment, notamment sur le lait, la viande et les fruits & légumes). Le défi sera de le faire sans « s’embourgeoiser », selon les propres mots d’un directeur d’Aldi France, c’est-à-dire sans perdre ce qui fait l’ADN du hard-discount. Aldi semble conscient que son succès à long terme implique de garder une structure de coûts minimale, condition sine qua non pour offrir des prix imbattables. Cela passe par la poursuite de sa politique de chasse aux surcoûts : magasins à l’agencement simple, effectifs resserrés mais polyvalents, achats en très grande quantité pour peser sur les prix fournisseurs, etc.. Cette recette, éprouvée de longue date, reste plus que jamais d’actualité dans un contexte de guerre des prix entre distributeurs.

Perspectives de croissance. En conclusion, Aldi aborde les prochaines années avec une base solide (1 300 magasins) et de fortes ambitions de croissance. L’enseigne vise clairement à consolider sa position de numéro 2 du discount et à grappiller des parts de marché aux enseignes traditionnelles. Ses priorités stratégiques incluent : l’achèvement du maillage national (notamment dans l’Ouest et le Sud), l’augmentation de la fréquentation de ses magasins (via des opérations marketing, la fidélisation sur la qualité/prix, etc.), et l’amélioration continue de l’expérience client en magasin (modernisation, propreté, accueil – autant de points où le hard-discount a longtemps été critiqué). Aldi pourra également compter sur la conjoncture : en période de pouvoir d’achat contraint, de nombreux ménages pourraient accentuer leurs déplacements vers le discount pour les courses du quotidien. D’après une étude citée par Le Figaro, 12 % des actes d’achats alimentaires en France se font désormais dans des enseignes discount – un ratio appelé à croître si les tensions inflationnistes persistent. Aldi a donc l’opportunité de convertir de nouveaux clients à son modèle. Reste à transformer l’essai en fidélisant durablement cette nouvelle clientèle. L’enseigne semble en tout cas déterminée à “poursuivre son offensive” sur le marché français, comme en témoigne son plan d’expansion tous azimuts. Si les objectifs de 1 900 magasins et 8 % de part de marché sont atteints dans la prochaine décennie, Aldi France deviendra un acteur de taille équivalente aux groupes comme Auchan ou Casino. Le chemin à parcourir est encore long, mais l’histoire récente d’Aldi en France montre une capacité d’adaptation et de croissance qui laisse augurer d’un rôle de plus en plus important du discounter dans la distribution tricolore.

Sources : Aldi France (site institutionnel et communiqués), LSA, Linéaires, Les Échos, Le Figaro, Le Monde, France Info, données NielsenIQ/Kantar. Données chiffrées et historiques vérifiées via les sources officielles ou spécialisées citées tout au long de l’article.